Vendre dans l’ombre, rêver en Lumière : Quelle citoyenneté pour le Maroc numérique

Vendre dans l’ombre, rêver en Lumière : Quelle citoyenneté pour le Maroc numérique

 

Par ACHOUI Rabab : Doctorante enciences Politiques

Le Maroc entre de plain-pied une nouvelle ère, portée par ambition continentale assumée, une stratégie numérique dynamique et l’horizon prestigieux de la Coupe du monde 2030. Tandis que les politiques publiques se moderniser et que les projets structurants se déploient à grande échelle, des comportements archaïques persistent au sein de la société. L’appel du roi Mohammed VI à encadrer les marchés du bétail dans un esprit de justice et de dignité a été ouvertement contourné par la prolifération de ventes clandestines de moutons. Ce paradoxe soulève une interrogation majeure : comment réussir la transition numérique quand une partie du tissu social peine à adopter une conduite civique en adéquation avec l’intérêt collectif ? Quelle citoyenneté devons-nous construire pour accompagner les enjeux de souveraineté numérique, de compétitivité et de positionnement géostratégique du Royaume ?
Le Maroc affiche une vision audacieuse à travers des projets de villes intelligentes, d’administration digitale et de diplomatie numérique renforcée. Sur le plan international, cette posture proactive inspire confiance. Toutefois, sur le terrain, les écarts entre les directives étatiques et certaines pratiques sociales témoignent d’un déficit de conscience civique. Le marché parallèle du bétail est bien plus qu’un phénomène économique : il illustre un manque d’adhésion à la vision nationale, fragilisant la cohésion et la crédibilité du modèle marocain.La transition numérique ne saurait se résumer à une simple mutation technologique. Elle repose sur des fondements humains, éthiques et culturels. Sans citoyens responsables, instruits et engagés, les outils numériques ne deviennent que des interfaces vides. Le civisme, qu’il s’exprime dans la rue ou sur la toile, est la pierre angulaire d’une société moderne et souveraine. La souveraineté numérique exige un éveil collectif à la responsabilité, au respect de la loi et à l’éthique du vivre-ensemble.
Dans cette dynamique, la Coupe du monde 2030 constitue à la fois un défi logistique et un révélateur du niveau de maturité civique. Ce n’est pas seulement une compétition sportive, mais un miroir tendu à la société. Un pays qui veut rayonner à l’échelle mondiale doit d’abord consolider sa stabilité intérieure. Le respect des lois, la réduction de l’informalité et l’implication citoyenne sont les véritables garants d’une image forte et cohérente sur le plan international. Ainsi, le civisme s’impose comme un levier de géostratégie.
L’édification d’un cyberespace souverain, la maîtrise des données nationales et l’indépendance technologique nécessitent une alliance entre l’État et les citoyens. Chaque manquement aux règles, chaque acte d’incivisme, affaiblit cette ambition commune. La réussite du Maroc dépend autant de la stratégie de ses institutions que de la posture de ses citoyens. C’est dans ce pacte, implicite mais vital, que se joue l’avenir numérique du pays.
Moderniser les institutions ne suffira pas si la culture civique ne progresse pas en parallèle. Le Maroc de demain se construira avec des infrastructures performantes, mais aussi avec des citoyens conscients, responsables et fiers de contribuer à l’essor collectif. L’enjeu est moins technique que profondément étique, culturel et politique. Pour que les lumières de 2030 reflètent un modèle de société solide et respecté, chacun doit accepter de sortir de l’ombre, et d’agir à visage découvert, dans l’intérêt de tous.

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